Sam Zaenker
  • Dernier souffle avant l’été

    Le soleil a posé sa main tiède sur ma nuque et, comme chaque année, j’entends l’appel discret des chemins creux, des pages qu’on lit les pieds dans l’eau, des silences peuplés de cigales. L’été est là. Et moi, j’ai besoin, non pas de fuir, mais de faire une pause. Une vraie. Loin des écrans, des claviers, des deadlines que je m’impose avec l’enthousiasme un peu fou des passionnés. Le temps est venu de respirer autrement, d’écrire peut-être, mais en marge. De vivre, aussi, tout simplement. Je vous préviens avec tendresse : il n’y aura pas de nouveaux articles sur le blog jusqu’à la rentrée. Pas de thriller numérique, pas…

  • Dans la gueule du texte : la menace douce

    Ce n’est pas la colère qui fait peur. C’est ce qui se dit sans hausser la voix. Ce texte m’a forcée à chercher la tension dans les non-dits, les phrases trop polies, les adieux qui grincent doucement sous la langue. Une lettre. Une menace. Sans aucun mot violent. Mais qu’on relit deux fois. Parce qu’elle laisse une ombre sur la peau. Cher ami,Je t’écris tard. Tu sais que je préfère le silence du soir. Les mots y prennent une couleur plus sincère, plus calme.Je n’ai rien oublié. Pas ton rire, ni ton parfum, ni ce que tu m’as pris.Et je t’en remercie. Vraiment.Ce genre de perte, ça transforme un être. Ça…

  • Lettre à toi qui confonds perfection et sincérité.

    Tu réécris la même phrase vingt fois. Tu coupes. Tu reprends. Tu hésites sur un adjectif pendant une heure. Tu veux bien faire. Tu veux que ce soit beau, fort, irréprochable. Tu crois qu’il faut que ce soit parfait pour être vrai. Mais si tu continues comme ça, tu vas étouffer ton texte dans son berceau. Alors cette lettre, c’est un rappel. Une claque douce. Une vérité que j’ai appris à coups de ratés. À toi qui pèses chaque mot comme s’il allait être gravé sur ta tombe,J’ai une mauvaise nouvelle : tu ne pourras jamais écrire quelque chose d’universel en essayant d’être parfait.Tu n’es pas une machine à chef-d’œuvre.…

  • Dans la gueule du texte : un duel sans verbe d’état

    Parfois, les mots les plus simples deviennent les plus paresseux. Être. Devenir. Rester. On les convoque comme des béquilles pour dire ce qu’on n’ose pas vraiment montrer. Alors ce défi m’a obligée à dégager les béquilles et marcher toute seule. À recréer le réel par les nerfs, le souffle, la chair. Aucun verbe d’état. Aucun raccourci. Juste deux anciens amants, face à face, dans l’instant suspendu d’un adieu qu’on n’arrive pas à faire proprement. L’odeur du café froid. La table encore encombrée. Une cuillère tremble dans une tasse oubliée.Il se lève, lentement. Règle la distance entre eux d’un pas sec.— Tu n’as pas répondu.Sa voix racle. Il n’y met rien. Aucun reproche.…