Faut-il partager son roman avec d’autres écrivains avant sa publication ?
L’écriture d’un roman est un parcours semé d’embûches, où chaque auteur cherche à peaufiner son œuvre pour qu’elle soit prête à conquérir le monde littéraire. Mais une question revient fréquemment parmi les écrivains en herbe ou confirmés : faut-il partager son roman avec d’autres écrivains avant de le soumettre à une maison d’édition ? Cette hésitation est légitime, mais elle mérite d’être approfondie pour bien comprendre les enjeux de ce geste crucial.
1. La peur du jugement : un frein naturel
L’une des raisons principales qui poussent les écrivains à hésiter à partager leur travail avec d’autres est la peur du jugement. Créer un roman, c’est livrer une part intime de soi. Le risque de critiques, parfois sévères, peut être paralysant. C’est pourquoi certains auteurs préfèrent garder leur manuscrit sous clé, à l’abri des regards extérieurs, de peur qu’il ne soit pas à la hauteur des attentes. Pourtant, cette peur est naturelle et peut souvent être surmontée avec un peu de recul.
2. L’importance du regard extérieur
Partager son roman avec d’autres écrivains, qu’ils soient amis ou collègues de plume, peut s’avérer extrêmement bénéfique. Les retours d’autres auteurs peuvent apporter des perspectives nouvelles et enrichissantes, permettant d’améliorer certains aspects du texte que l’on n’avait pas perçus soi-même. Un écrivain, par son expérience et sa compréhension du métier, est souvent capable de voir des détails qui échappent aux lecteurs « non avertis » ou aux proches qui ne sont pas dans le milieu littéraire.
Pourquoi demander l’avis d’écrivains ?
- Des critiques constructives : Les écrivains savent comment formuler des critiques constructives. Leur retour sur le style, le rythme ou même la structure peut s’avérer décisif pour faire progresser le roman.
- Un regard plus objectif : Les proches, même bienveillants, peuvent manquer d’objectivité. Les écrivains, eux, sont souvent plus lucides sur les aspects techniques du texte.
3. La peur de la copie : un mythe ?
Une autre crainte récurrente est la peur que son travail soit copié ou plagié. Cette inquiétude est souvent infondée. En réalité, les écrivains sont généralement respectueux du travail des autres, et une vraie communauté d’écrivains fonctionne sur des principes de confiance mutuelle. De plus, il est possible de protéger son manuscrit en enregistrant ses droits d’auteur avant de le partager, offrant ainsi une sécurité juridique en cas de doute.
4. Les avantages d’un groupe de critique littéraire
Participer à un groupe de critique littéraire ou faire appel à des bêta-lecteurs compétents permet également de dépasser la barrière de l’hésitation. Ces groupes peuvent être une excellente occasion de tester son travail dans un cadre sécurisé et bienveillant. Les retours des autres auteurs peuvent être précieux pour ajuster des éléments comme :
- La cohérence du récit
- La construction des personnages
- L’intensité émotionnelle du texte
- La fluidité de la narration
5. Un premier pas vers la publication
Partager son roman avec d’autres écrivains avant de l’envoyer à une maison d’édition peut aussi être un excellent moyen de se préparer à l’éventuelle réception du livre. Un roman, une fois soumis à un éditeur, sera très probablement critiqué, modifié, voire rejeté. En échappant à ce processus d’auto-censure et en acceptant les retours des pairs, l’écrivain se prépare au monde de la critique professionnelle et au monde de la publication, avec ses hauts et ses bas.
6. La solitude de l’écrivain : un choix à faire
Bien entendu, certains écrivains préfèrent travailler seuls, loin des influences extérieures, et il n’y a rien de mal à cela. Pour eux, chaque œuvre doit rester pure et refléter uniquement leur vision personnelle. Cependant, même dans ce cas, il peut être utile, à la fin du processus créatif, de prendre un peu de recul et de solliciter des retours. Cela permet de vérifier si l’œuvre est bien perçue par un lectorat potentiel, avant de la confronter à l’œil de l’éditeur.
Conclusion : Le juste équilibre
L’hésitation à partager son roman avant sa publication est légitime, mais elle peut aussi être dépassée en comprenant les bénéfices que cela peut apporter. Trouver un juste équilibre entre le besoin de protéger son travail et la nécessité d’obtenir des retours constructifs est essentiel pour l’écrivain.
Se faire accompagner par d’autres écrivains, ou par des bêta-lecteurs de confiance, peut faire la différence entre un roman qui reste dans un tiroir et celui qui trouve sa place sur les étagères des librairies. Le regard extérieur, loin de miner la créativité, peut au contraire nourrir l’écriture et ouvrir la voie à une publication réussie.
Photo : Bernd Dittrich