Sam Zaenker

Pourquoi j’aime les belles choses, et ce qu’elles changent dans ma vie

J’aime les belles choses. Pas forcément celles qui coûtent cher, ni celles qu’on expose pour impressionner. Les belles choses, pour moi, ce sont celles qui ont une présence, une texture, une âme.

Un carnet qui se patine au fil des pages, un bol ébréché mais familier, la lumière d’une fin d’après-midi qui transforme une pièce banale en tableau. Un pull trop grand qui garde en lui la chaleur d’un souvenir. Une phrase qu’on relit dix fois parce qu’elle semble taillée sur mesure pour notre cœur. Un parfum qui vous enivre et dont on ne peut se séparer.

On pourrait croire que ce sont des détails insignifiants. Moi je crois que c’est tout le contraire. Ces choses, ces instants, sont ce qui nous ramène à nous-mêmes. Elles ralentissent le temps, elles nous obligent à regarder. Elles transforment la vie en expérience sensible, au lieu d’une succession de tâches à accomplir.

Je crois que j’ai toujours eu cette attention au beau, mais l’écriture l’a aiguisée. Je ne me rappelle plus quel auteur a dit que les écrivains vivaient deux fois. La première fois comme tout le monde, la deuxième fois en observant ce qui se produit avec une plume et du papier. Écrire, c’est apprendre à voir : la courbe d’un sourire, la musique d’une voix, la couleur exacte d’un ciel avant la pluie. Ce sont ces détails qui donnent une histoire, ce sont ces fragments qui donnent un sens à nos journées.

Aimer les belles choses, c’est aussi une forme de résistance. Résister à la vitesse, à la brutalité, à la médiocrité qui voudrait que tout se ressemble. C’est dire : je choisis de remplir ma vie de ce qui me touche, pas de ce qui passe. Choisir de renoncer à la facilité, à vivre les choses sans les sentir, à s’assommer pour ne pas éprouver, ne pas regretter.

Alors oui, je m’attarde. Sur la couleur d’une encre, sur l’odeur d’un livre, sur la douceur d’un tissu. Sur le mouvement de ma main quand la plume glisse sur le papier. Je prends le temps de savourer une tasse de café décorée d’arabesques virevoltant sur une Tour Eiffel dorée qui a vu mille matins. D’écouter le bruit des vagues et la mousse qui se forme quand elles touchent le sable pendant que j’écris. Je collectionne ces petites joies comme d’autres collectionnent des trophées.

Parce qu’au fond, ce sont elles, les belles choses, qui tiennent le monde ensemble. Non ?

À très bientôt, 

Votre Sam 🖋️