Sam Zaenker

Comment continuer quand son premier roman ne marche pas…

Je me suis auto-publiée.

Mon tout premier roman. Ou du moins le premier que je trouvais assez bon pour être publié. Pendant des mois, il a été mon obsession. Je l’ai écrit, corrigé, réécrit, trituré jusqu’à l’épuisement. J’ai voulu qu’il soit parfait, ou du moins, aussi parfait que possible pour mes moyens. J’en suis arrivée au point où je ne pouvais plus le voir en peinture. Chaque phrase me donnait envie de tout recommencer, chaque détail me semblait fragile.

Alors un jour, j’ai décidé que c’était fini. Que je devais lâcher prise. Je l’ai mis en ligne, comme on envoie une bouteille à la mer. Avec l’espoir, malgré tout, qu’il trouverait son public.

Il ne l’a pas trouvé.

Et ça, ça fait mal.

Je pourrais accuser le système, ou dire que je n’ai pas eu de chance. Mais la vérité est plus simple : je n’ai sans doute pas tout fait comme il fallait. Les réseaux sociaux, par exemple. C’est ma bête noire. Je sais que c’est là que beaucoup d’auteurs auto-édités trouvent leurs lecteurs, mais moi… je n’ai pas su. Pas envie de me mettre en scène, pas envie de courir après les algorithmes. Résultat : mon roman s’est perdu dans le silence numérique.

Et puis, il faut dire que j’étais vidée. Après tant de travail, j’ai ressenti une sorte de burnout créatif. Le livre était terminé, publié, mais à quel prix ? Je n’avais plus aucune énergie, plus aucune distance. J’ai mis des mois à retrouver le courage d’écrire à nouveau. Trop critique envers moi-même, trop timide pour oser recommencer, trop coincée dans mes jugements. Alors j’ai laissé la vie reprendre le dessus.

Pendant longtemps, je me suis demandé si ça servait encore à quelque chose. Si j’avais raté ma chance. Si ce premier roman était la preuve que je n’étais pas faite pour ça.

Et puis le temps a passé, et les choses ont changé.

Aujourd’hui, je le vois autrement. Mon premier roman n’a pas été un succès — mais il m’a appris. Il m’a forcée à répondre à cette question : pourquoi j’écris ?

La réponse, pour moi, est devenue limpide.

J’écris parce que c’est qui je suis. Parce que je n’ai pas le choix. Parce que même si je ne trouve jamais mon public, même si mes livres s’empilent dans un coin sans être lus, j’ai besoin de continuer.

Alors oui, ça aurait été merveilleux que ce premier roman trouve un écho. Mais écrire n’est pas une transaction. Ce n’est pas un contrat où le monde me doit quelque chose en échange de mon effort. C’est une manière d’exister, une respiration, un travail qui m’appartient.

Alors je continue. Peut-être que le deuxième roman ne rencontrera pas plus de succès. Peut-être que le troisième non plus. Mais j’aurai écrit. Et au fond, c’est ça qui compte.

Parce qu’arrêter, ce serait pire qu’échouer.

Arrêter, ce serait me renier.

Alors j’écris.

Et j’écrirai encore.

À très bientôt, 

Votre Sam 🖋️

Photo de Mihály Köles sur Unsplash