Sam Zaenker

Délicat: Et vous, vous faites quoi, à part écrire ?

La vie secrète des écrivains quand ils ne sont pas en train de noircir des pages

Il y a des phrases qui reviennent comme un refrain, toujours un peu décalé, toujours un peu piquant.

Des phrases simples, anodines en apparence, mais qui grattent doucement l’intérieur.

Celle-ci en fait partie :

« Et vous, vous faites quoi, à part écrire ? »

On la reçoit souvent quand on dit qu’on est écrivain.

Elle arrive après un blanc, un sourire poli, un petit temps de flottement.

Parfois sincère, parfois condescendante, parfois juste maladroite. Mais elle est là.

Et elle dit, sans le dire :

Écrire, ce n’est pas vraiment un métier. Alors… tu fais quoi dans la vraie vie ?

Être écrivain aujourd’hui : un métier flou mais passionnant

Soyons clairs : vivre de l’écriture en 2025, ce n’est pas exactement une autoroute en ligne droite.

C’est plutôt un sentier de montagne avec des pentes raides, des panoramas sublimes et des passages où on a envie de tout plaquer pour devenir apiculteur.

Écrivain, ce n’est pas un job à heures fixes. C’est un métier-puzzle.

Un mélange de romans en cours, de projets de blog, de corrections, de traductions parfois, de newsletters…

Et souvent, entre deux chapitres, on est aussi :

  • Rédacteur web freelance (ah, le doux mot-clé glissé comme une plume).
  • Voix off pour un podcast nocturne.
  • Ou juste… être humain un peu fatigué.

Quand on n’écrit pas, on nourrit le feu

Mais la vraie réponse, la plus intime, c’est peut-être celle-ci :

À part écrire, on remplit le réservoir.

On vit, on observe, on s’écorche, on tombe amoureux, on doute, on se relève.

On marche sous la pluie en se répétant une phrase jusqu’à ce qu’elle sonne juste.

On s’ennuie, parfois, et on regarde une araignée faire sa vie sur le plafond en se demandant si elle aussi, elle doute de son œuvre.

On écoute les autres. On guette les silences. On lit, beaucoup.

Des romans, des articles, des gens.

On collectionne les détails qui, un jour, deviendront un personnage, une scène, une émotion vraie.

On vit la vie comme une matière première.

Parce que écrire, ce n’est pas juste poser des mots. C’est faire le tri entre ce qui nous traverse et ce qu’on décide de transmettre.

La question piège : “Et sinon, c’est quoi ton vrai métier ?”

Cette question revient souvent lors des repas de famille ou des apéros entre amis.

Elle est souvent suivie d’un rire gêné ou d’un « non mais je veux dire… pour vivre ? »

Et c’est là qu’on réalise : dans l’imaginaire collectif, écrivain, ce n’est pas une profession. C’est un passe-temps romantique.

Un truc qu’on fait le soir, avec un chat sur les genoux et une bougie qui sent la cannelle.

Pas un job avec des délais, des doutes, des nuits blanches, des relances à l’éditeur, des versions 12.5 d’un chapitre qu’on ne lâche pas.

Mais si : c’est un métier d’endurance, de solitude active, de concentration extrême, de montagnes russes émotionnelles.

C’est un métier invisible de l’extérieur, mais brûlant de l’intérieur.

Et pourtant… on aime ça

On râle. On doute. On peste contre le monde.

Mais on y revient toujours.

Parce que quelque part entre les lignes, on respire mieux.

Parce que parfois, une lectrice nous écrit pour dire que ce qu’on a posé là, dans une phrase mal coiffée, a mis des mots sur ce qu’elle n’arrivait pas à formuler.

Et là, on sait pourquoi on continue.

Et moi, personnellement, à part écrire ?

Je vis, tout simplement.

Je cuisine. Je plante des herbes qui ne pousseront jamais.

Je regarde les gens dans les cafés, j’écoute les silences entre leurs phrases.

Je marche sans but en espérant croiser une idée.

Je me perds dans des jeux vidéo, je regarde des séries, je tombe amoureuse, je me relève.

Je m’interroge, je lis, je procrastine, je rêve à des vies alternatives.

Je ris souvent, je pleure parfois.

Mais tout ce que je fais, même quand je ne le sais pas, sert l’écriture.

C’est ça, le secret : l’écriture n’est jamais très loin.

Même quand on fait autre chose, elle nous accompagne.

Elle est cette voix discrète qui prend des notes pendant qu’on vit.


En conclusion : écrire, c’est vivre autrement

Alors non, je ne suis pas qu’un clavier.

Je suis un regard, une mémoire, un petit volcan d’histoires en veille.

Je ne fais pas qu’écrire :

je transforme ma vie en mots, les émotions en phrases, le chaos du monde en un peu de clarté.

Et vous, alors ?

À part vivre… vous faites quoi ?

À très bientôt, 

Votre Sam 🖋️