
L’écrivain en apnée : ces moments où la vie submerge la plume
Il y a des moments où écrire devient impossible. Pas faute d’envie ni par paresse. Juste… parce que quelque chose de plus fort prend toute la place.
Tu t’assois. Tu ouvres ton carnet, ton fichier, ton monde. Et rien ne vient. Rien d’honnête. Rien qui vibre. L’écriture s’est fait la malle, sans laisser d’adresse.
Et tu sais quoi ?
C’est normal.
C’est humain.
C’est même, parfois, nécessaire.
Ce n’est pas un blocage, c’est un débordement
On parle souvent de panne d’écriture comme d’un désert. Une sécheresse créative, une traversée du vide.
Mais parfois, c’est l’inverse : c’est la vie qui déborde.
Tu tombes amoureuse, tu perds quelqu’un, tu te noies dans un déménagement, une douleur, un bouleversement. Et alors, ton esprit devient un monologue à une seule voix. Plus de place pour autre chose. Tous tes mots sont déjà pris.
Tu vis intensément. Et ton écriture, elle, t’attend au seuil.
Ce n’est pas que tu n’as rien à dire
Quand l’écriture se tait, ce n’est pas le vide. C’est juste la vie qui parle plus fort.
C’est que tu es en train de le vivre.
Et écrire en plein cœur de l’ouragan, c’est comme vouloir tenir un journal de bord en plein naufrage. On ne peut pas tout faire en même temps.
L’écriture aime la lenteur, le recul, le moment où la tempête est passée et que tu peux enfin poser les débris sur la page. Ce n’est pas de la trahison. C’est de la maturation.
Parfois, il faut choisir de vivre
Il y a un mythe qui nous colle à la peau : celui de l’auteur infatigable, acharné, qui écrit chaque jour malgré tout. Il existe, parfois. Mais ce n’est pas une obligation.
Tu as le droit d’être un écrivain silencieux.
Parfois, la meilleure chose à écrire, c’est rien du tout. C’est rester avec ce que tu ressens. Laisser les mots fermenter. Laisser le cœur parler d’abord. Il reviendra, ce besoin d’aligner les phrases. Et ce que tu écriras ensuite aura le goût de la vérité.
En attendant…

Lis.
Marche.
Fais l’amour.
Dors.
Regarde les autres.
Regarde-toi, même si c’est flou.
Et quand ça reviendra — et ça reviendra —, tu n’écriras pas par devoir, mais parce que tu n’auras plus le choix.
Tu reconnaîtras ce moment.
Le cœur se remettra à battre à travers tes doigts. Et la page ne sera plus un mur. Elle sera une porte.
À très bientôt,
Votre Sam 🖋️

