
La douleur de revenir à l’écriture après une longue pause
Ce n’est pas glorieux. C’est vital.
Il n’y a pas eu de fracas.
Pas de rideau qui tombe, pas de dernière phrase qui claque comme une fin de chapitre.
L’écriture s’est simplement éloignée.
Au début, on pense que ce n’est qu’une respiration.
Une parenthèse.
On continue de marcher dans la vie avec, dans un coin du crâne, la certitude qu’on va y revenir.
Pas tout de suite, mais bientôt. Quand ce sera plus calme. Quand ce sera plus clair. Quand on ira mieux.
Et puis les jours passent. Les semaines deviennent des mois. Et l’on découvre que l’écriture, elle, ne nous attend pas.
Elle ne boude pas, elle ne punit pas.
Elle s’efface. Elle devient un écho lointain. Elle cesse de venir naturellement.
Et là, il faut choisir : revenir, ou renoncer.
Revenir, c’est accepter la maladresse
Le vrai retour à l’écriture ne ressemble jamais à ce qu’on avait rêvé.
Il n’a rien de spectaculaire.
On ne se réveille pas un matin, illuminée, la main emportée par un feu sacré.
Non.
On se remet à écrire comme on réapprend à marcher après un accident.
Avec des gestes hésitants. Des phrases qui ne tiennent pas debout. Des idées qui tournent en rond.
On rature plus qu’on écrit. On doute plus qu’on avance.
Mais on est là.
Devant l’écran, devant la page.
Et ce simple geste contient déjà tout : la volonté de revenir.
Pas à son niveau d’avant. Pas à son style d’avant.
Revenir à soi.
L’écrivain en soi ne meurt pas
Il peut se taire. Longtemps.
Il peut s’éloigner, s’engluer dans la vie, se perdre dans d’autres priorités.
Mais il ne disparaît pas.
Il observe. Il digère. Il écoute.
Et un jour, il pousse de nouveau. Comme l’herbe dans les fissures.
Et ce jour-là, il ne faut pas lui demander d’être brillant. Il faut juste lui faire de la place.
L’écriture ne revient pas comme un cri. Elle revient comme un murmure.
Un mot. Une image. Une scène.
Un paragraphe qui, soudain, sonne juste.
Il n’y a pas de bon moment pour écrire
C’est peut-être la chose la plus dure à accepter.
On attend tous, à un moment, le contexte parfait. Le calme. L’élan. L’espace mental.
Mais l’écriture ne vit pas dans le confort. Elle vit dans la faille.
Revenir, c’est écrire même quand on ne se sent pas prêt·e.
C’est écrire quand ça gratte, quand ça grince, quand ça déçoit.
Parce que c’est le seul moyen de rouvrir la voie.
Et parfois, il faut plusieurs textes “ratés” pour en écrire un seul qui respire.
Vous n’avez rien perdu
Je le dis avec fermeté.
Vous n’avez rien perdu.
Pas votre légitimité. Pas votre voix. Pas votre droit d’écrire.
Le monde littéraire est une illusion d’urgence permanente.
Mais la vérité, c’est que la seule horloge qui compte, c’est la vôtre.
Vous avez le droit de revenir. Vous avez le droit de recommencer.
Et vous avez le droit de ne rien expliquer.
On n’a pas à justifier son silence.
On a juste à écrire, quand ça recommence à pulser.
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Quelques mots pour finir
Revenir à l’écriture, ce n’est pas revenir au texte.
C’est revenir à une part de soi qu’on avait laissée de côté.
Pas par faiblesse. Par nécessité, peut-être. Par survie, parfois.
Mais cette part n’a pas disparu. Elle est restée là, tapie dans l’ombre, attendant le bon frisson.
Celui qui pousse la main à revenir sur le clavier, ou sur le papier.
Celui qui dit : “Je suis encore là. Et j’ai encore des choses à dire.”
Alors dites-les.
Même si c’est fragile.
Surtout si c’est fragile.
Parce que l’écriture, au fond, n’a jamais eu besoin d’être parfaite.
Elle a juste besoin d’être vraie.
À bientôt,
Votre Sam 🖋️
Photo de Casey Horner

